Écriture inclusive : vers une représentation équitable des genres dans la langue française

L’écriture inclusive fait débat. Pourtant, elle est un véritable outil pour incarner les valeurs de votre entreprise.

Publié le

9 septembre 2024
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En 2021, Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation, annonce l’interdiction de l’usage de l’écriture inclusive dans les écoles et son ministère. Cette pratique vise à représenter équitablement tous les genres dans la langue écrite. Au-delà des controverses, elle soulève des questions importantes sur l’égalité des genres et la manière dont notre langage façonne nos perceptions.

Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?

Selon Raphaël Haddad, auteur du livre L’écriture inclusive, et si on s’y mettait ?, l’écriture inclusive est un “ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes”. Cette définition va bien au-delà du simple usage du point médian (étudiant·es, enseignant·e), souvent considéré à tort comme le seul outil de l’écriture inclusive. En fait, ce signe typographique est une option parmi tant d’autres pour rendre un texte plus inclusif. 

L’écriture inclusive en France : débats et enjeux sociétaux

L’évolution de l’écriture inclusive en France soulève de nombreux débats, impliquant linguistes, grammairien·nes et l’Académie française. Cette dernière s’est longtemps opposée à la reféminisation des noms de métiers, titres et fonctions. Sur le terrain, les formes féminines comme “autrice”, “professeure” ou “écrivaine” sont utilisées couramment depuis plusieurs années

Les partisan·es de l’écriture inclusive argumentent qu’elle combat les stéréotypes sexistes et la domination masculine inscrite dans la langue. Ils remettent en question l’usage du masculin générique, considéré comme discriminatoire. Les opposant·es y voient un péril mortel pour la grammaire française traditionnelle. Le débat s’étend à la littérature et aux textes officiels. 

L’Office québécois de la langue française a été pionnier dans la promotion d’une langue plus neutre. En France, le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes préconise l’usage de l’écriture sans stéréotypes de genres dans la communication publique. Les enjeux dépassent la simple question grammaticale : ils touchent à l’identité, à la parité et aux rapports de pouvoir dans la société. 

3 astuces pour une écriture inclusive discrète

Pour celles et ceux qui souhaitent adopter une écriture plus inclusive sans utiliser le point médian, voici trois techniques efficaces.

#1 La double flexion

Le doublet, ou la double flexion, consiste à juxtaposer les mots féminin et masculin à l’instar du général de Gaulle qui commençait ses discours par “Françaises, Français”. Cette approche permet de remettre en question la règle traditionnelle que l’on doit au grammairien Nicolas Beauzée : le masculin l’emporte sur le féminin car “le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle”. En écriture inclusive, l’énumération des éléments se fait par ordre alphabétique :

  • soit en fonction des premières lettres des mots :
    • Aurélie et Pierre
    • Pierre et Sandrine
    • égalité femme-homme
  • soit en partant de la fin du mot :
    • étudiantes et étudiants
    • chercheurs et chercheuses

#2 Les mots neutres

Les mots épicènes sont des termes qui peuvent être employés indifféremment au masculin ou au féminin. Leur usage permet de neutraliser le genre grammatical sans alourdir le texte :

  • les “droits humains” plutôt que les “droits de l’Homme”
  • la “clientèle” au lieu de “les clients”
  • l’”audience”  au lieu de “les lecteurs”
  • les “parents” au lieu de “la mère et le père”

#3 Les tournures passives

Les tournures passives sont une bonne option pour éviter de spécifier le genre dans une phrase. Ainsi, “En 2021, ils fondent l’entreprise…” devient “L’entreprise est fondée en 2021…”. Attention, elles sont à utiliser avec parcimonie pour conserver un discours dynamique et fluide.

Le point médian : entre controverse et praticité 

Bien que controversé, le point médian reste un outil important de l’écriture inclusive. Il permet d’exprimer à la fois le genre masculin et féminin dans un seul mot, comme dans “étudiant·e”. Contrairement à d’autres signes typographiques (parenthèses, barre oblique, E majuscule), le point médian est spécifiquement conçu pour cet usage et ne crée pas de confusion avec d’autres fonctions grammaticales. Il supprime les tournures avec le doublet qui alourdissent les phrases.

Comment adopter l’écriture inclusive dans votre entreprise ?

Communiquer en écriture inclusive ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Voici quelques actions pour faciliter la transition vers l’écriture inclusive au sein de votre entreprise :

  • former vos équipes pour les sensibiliser aux enjeux de l’écriture inclusive et à sa pratique
  • créer un guide de style interne pour définir les différentes applications de l’écriture inclusive dans vos supports et pour les illustrer avec des exemples
  • commencer à écrire en inclusif sur les documents clés de votre entreprise : offre d’emploi, communications externes….

Adopter l’écriture inclusive va bien au-delà d’un simple changement linguistique : elle incarne vos valeurs et la culture de votre entreprise avec des mots. Elle manifeste vos engagements envers l’égalité et la diversité auprès de vos équipes, de vos partenaires et de votre clientèle. L’écriture inclusive renforce votre image de marque à la fois auprès de votre audience et des futurs talents de votre entreprise.

L’écriture inclusive ne se résume pas au très controversé point médian. Loin d’être une simple tendance, elle reflète des changements dans notre société. Elle est le résultat de décennies de réflexion sur le langage et son impact sur les représentations sociales. Avec les bons outils et une approche progressive, l’écriture inclusive peut être facilement intégrée dans la communication quotidienne et améliorer l’image de marque de votre entreprise. 

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