J’aime faire du tourisme dans ma ville. Ma liste de lieux à visiter est longue comme le bras. À Lyon, il y a vraiment plein de choses à découvrir. Cet été, j’ai décidé de suivre une visite guidée pour découvrir l’histoire de la cité des États-Unis, ses murs peints et son appartement 1930. Pour prolonger cette visite, j’ai contacté Cécile Capelle, directrice de la Cité musée Tony Garnier à Lyon, pour discuter des enjeux de la communication de son musée. L’offre culturelle est grande à Lyon et je me demandais comment des structures, comme la Cité musée Tony Garnier, arrivent à sortir leur épingle du jeu. C’est parti pour une interview passionnante qui, je suis sûre, vous donnera envie de vous rendre sur place pour admirer ce patrimoine unique…
Maintenant que tout est dit, laissons Cécile Capelle présenter la Cité musée Tony Garnier à Lyon
La Cité musée Tony Garnier à Lyon est un musée associatif né en 1992 de la mobilisation des habitants et habitantes des immeubles conçus et dessinés par Tony Garnier. Ils étaient menacés de destruction, car il fallait faire une grosse réhabilitation, à la fois thermique et de confort. Ils n’étaient plus aux normes du moment. À cette époque, on se disait que ça coûtait moins cher de tout raser et de reconstruire plutôt que de rénover. Les habitants et habitantes du quartier des États-Unis, souvent des habitants depuis l’origine ou leurs enfants, étaient très attachés à ce patrimoine : ils se sont mobilisés pour le défendre. Ils ont constitué un comité des locataires qui a contacté à la fois l’OPAC du Grand Lyon, l’État, la ville de Lyon et différentes collectivités locales pour obtenir une réhabilitation de grande ampleur.
Par ailleurs, CitéCréation ne travaillait pas très loin : ils ont eu l’idée de la contacter pour faire réaliser des murs peints sur les pignons aveugles. Ces derniers avaient un peu chagriné Tony Garnier quand on lui avait demandé de modifier ses plans d’origine. Ils ont servi de toiles géantes pour des peintures qui rendent hommage à Tony Garnier, à ses idées utopistes, notamment de la cité industrielle, qui reproduisent ses quatre plus grandes réalisations à Lyon. Il y a six murs peints d’artistes contemporains qui réinterprètent le thème de la cité idéale.
Quand les visiteurs et visiteuses viennent sur place, quelles sont leurs réactions face à la cité, aux œuvres peintes et à la visite de l’appartement témoin ?
Souvent, ils ne savent pas exactement ce que c’est la Cité musée Tony Garnier. Nous sommes un musée à plusieurs facettes. Il y a la partie extérieure avec l’ensemble architectural : les immeubles, les cours végétalisés, les 25 murs peints. Nous avons aussi l’appartement témoin, un espace d’accueil et d’exposition temporaire. Le musée, c’est tout ça ! Des visiteurs et des visiteuses viennent prioritairement pour les murs peints, d’autres pour l’architecture, d’autres pour voir un appartement témoin, d’autres pour nos expositions temporaires. En général, les murs peints sont très appréciés : c’est une des spécialités lyonnaises. Pour les celles et ceux qui ne sont pas de Lyon, ça fait partie d’un des grands centres d’intérêt.
Comment sont perçus les lieux par vos visiteurs et visiteuses ?
Nous sommes dans un quartier prioritaire de la ville. C’est du logement social depuis l’origine. Dans l’imaginaire collectif, « cité » renvoie aux grandes barres et tours. Ici, la cité s’étend sur 8 hectares avec les cours : on a plutôt une impression d’espace et de respiration. Les gens ne vivent pas les uns sur les autres. C’est une cité qui est vraiment vivante. De plus, la deuxième réhabilitation, encore en cours actuellement, remet en valeur l’architecture des immeubles, notamment la répétition du balcon de la loggia et du motif qui est très art déco.
Quant à l’appartement témoin, c’est « waouh, c’est trop bien, on se replonge dans les années 30 ». Pour les groupes scolaires, c’est toujours difficile de leur faire comprendre à quel point c’était incroyable d’avoir l’eau courante et d’avoir les toilettes chez soi. Pour les personnes à partir de 40-50 ans, c’est « il y avait les mêmes meubles chez mes parents ou chez mes grands-parents ». Donc, elles retrouvent des souvenirs communs et ont l’impression de faire un plongeon dans le passé. En général, l’appartement témoin plaît beaucoup.
Aujourd’hui, comment vous arrivez à attirer les gens sur place ?
On a différents moyens de communication. On a une newsletter avec un envoi mensuel minimum. Quelquefois, on en fait une deuxième quand il y a un événement un peu particulier : les journées du patrimoine, la nuit des musées ou une visite un peu particulière. On a une petite présence sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, LinkedIn. On essaye de relayer notre actualité. Pour les expositions temporaires et l’appartement témoin, on fait des petits flyers pour les distribuer dans tous les lieux culturels, bibliothèques, autres musées et centres d’art. Cependant, c’est le bouche-à-oreille qui fonctionne le mieux.
Quelle est votre plus grande difficulté pour communiquer ?
Nous sommes un musée associatif. Nous ne sommes que trois salariés. Avec toutes nos missions, la communication est un petit peu la dernière roue du carrosse, même si nous sommes parfaitement conscients que c’est très important. Nous accueillons régulièrement des stagiaires ou volontaires en service civique pour nous aider.
Est-ce que les médias culturels lyonnais, comme Le Petit Bulletin ou Grain de Sel, sont des canaux pour votre communication ?
De temps en temps, nous publions nos offres dans leurs agendas. Il est arrivé que nous fassions de la publicité. Mais, notre budget est limité : nous le faisons une fois de temps en temps quand il y a vraiment une grosse actualité. Nous avons quand même des articles de presse quand nous lançons une exposition. Google contribue à notre visibilité : nous sommes un musée très spécifique dédié à l’architecture, la vie urbaine et le logement. Il y a cet ensemble de murs peints. Les gens viennent parce qu’ils ont un intérêt particulier. Nous avons aussi un partenariat avec l’Office du tourisme de Lyon.
Vous venez de refondre votre identité graphique et votre site Internet. Quel a été le déclencheur de ce changement ?
Nous avions un site Internet complètement obsolète et dysfonctionnel. Il avait été fait sous Wix durant le premier confinement. Il n’était plus du tout adapté à notre communication. Et quoi qu’on en dise, Wix n’est pas une interface si facile d’utilisation. Nous voulions un site fonctionnel à la fois pour nous en back-office et pour le visiteur ou la visiteuse qui arrive sur notre site à la rechercher d’informations.
Nous avons aussi décidé de changer de nom, car les gens ne comprenaient pas forcément ce que c’était un « musée urbain » [l’ancien nom de la Cité musée Tony Garnier était « musée urbain Tony Garnier »]. Nous avons entamé une réflexion avec notre conseil d’administration pour mieux coller à la réalité du musée. Bien sûr, on parle de l’histoire de Tony Garnier et de la ville de Lyon. Mais, nous sommes aussi ancrés dans une réflexion plus contemporaine avec les enjeux de rénovation thermique, de changement de la ville… Nous avons opté, avec nos adhérents en Assemblée Générale, pour le terme « Cité musée Tony Garnier » parce que nous sommes aussi dans une cité. Cela fait aussi référence à la cité industrielle de Tony Garnier et à toute sa réflexion sur la cité, le citoyen, le vivre ensemble, le lien, la circulation. Tous ces thèmes étaient extrêmement importants pour Tony Garnier. Ses quatre grandes réalisations à Lyon en sont le reflet : les abattoirs de la mouche (la Cité de la viande), le stade de Gerland (la Cité des sports) et l’hôpital Édouard Herriot (la cité hospitalière) et nous. Forcément, puisqu’on a changé de nom, nous avons décidé d’un renouvellement graphique. Il fallait tout modifier. Tout a été un peu lié.
Quels conseils donneriez-vous pour faire connaitre un musée associatif comme le vôtre ?
Tout d’abord, l’aspect relationnel avec les visiteurs et les visiteurs est vraiment important. La qualité des offres, la qualité des visites guidées et la qualité de l’accueil jouent forcément : il ne faut pas négliger ce point. Sur l’aspect com’, il faut utiliser les moyens actuels, à la fois le site internet et les réseaux sociaux. À la Cité musée Tony Garnier de Lyon, on fait minimum une newsletter par mois qui reprend le programme du mois et quelques postes ciblés sur nos réseaux sociaux. Nous avons mis en place une stratégie : notre objectif est de communiquer sur la vie du musée pour mettre en avant l’humain et sur l’histoire de Lyon. Nous voulons diversifier notre communication et ne pas parler exclusivement de notre actualité. Les gens aiment bien voir un peu le dessus des cartes, les coulisses…
Si cette interview avec Cécile Capelle vous a donné envie d’aller à la Cité musée Tony Garnier à Lyon, direction mon article sur Instants lyonnais pour préparer votre visite sur place…